Marielle Macé
Il y a parfois des livres à lire de toute urgence tant le réel s’entête à être ce qu’il est.
Que faire du mélange de colère et de mélancolie – de résignation parfois – que suscite en nous le traitement réservé aux migrants, cette humanité précarisée, avec tout ce qu’il peut avoir de paralysant, de sidérant ?
Marielle Macé répond : Considérer.
Prendre en considération.
“Prendre en considération ici n’est pas seulement regarder, même si ce n’est pas encore agir ; c’est se mettre à l’écoute de l’idée qu’énonce tout état de réalité.”
Extrait :
“Et à Calais aussi, le PEROU (“Pôle d’exploration des ressources urbaines” – collectif de politologues, de juristes, d’urbanistes, d’architectes et d’artistes, dirigé par Sébastien Thiéry et présidé par Gilles Clément ) a proposé des formes d’action surprenantes, prévenantes, inconvenantes ; il prenait soin des baraquements, et tentait de riposter aux forces de démolition en construisant, avec les migrants, c’est à dire en tenant compte de ce qu’ils avaient fait ; pas pour pérenniser le bidonville, décidément, mais plus simplement pour faire cas des vies, et avoir des égards pour les lieux de vie. Il faut évidemment voir, voir, voir, la souffrance, la douleur, les tensions partout puisqu’elles sont partout ; mais il faut aussi reconnaître les vies vivantes et vécues… Rencontrer les personnes aussi à partir de leur héroïsme, de leurs réalisations, de leurs “espoirs démesurés”, de leurs joies quand il y en a…”
C’est un petit livre – une heure de lecture tout au plus – qui nous rappelle avec une force et une exigence simple qu’ “accueillir n’est pas faire acte de charité, mais de justice”.